Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/69

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nais chaque soir aux Cascine et le dimanche aux jardins Boboli sans fleurs.

À Séville, il y a, près de la Giralda, une ancienne cour de mosquée ; des orangers y poussent par places régulières ; le reste de la cour est dallé ; les jours de grand soleil, on n’y a qu’une petite ombre restreinte ; c’est une cour carrée, entourée de murs ; elle est d’une grande beauté ; je ne sais pas t’expliquer pourquoi.

Hors de la ville, dans un énorme jardin clos de grilles, croissent beaucoup d’arbres des pays chauds ; je n’y suis pas entré, mais, à travers les grilles, j’ai regardé ; j’ai vu courir des pintades et j’ai pensé qu’il y avait là beaucoup d’animaux apprivoisés.

Que te dirai-je de l’Alcazar ? jardin semblant de merveille persane ; je crois, en t’en parlant, que je le préfère à tous. J’y pense en relisant Hafiz :

« Apportez-moi du vin — Que je tache ma robe ! —
Car je chancelle d’amour — Et l’on m’appelle sage… »

Des jeux d’eaux sont préparés dans les allées ; les allées sont dallées de marbre, bordées de