Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/121

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même, à vrai dire, comme nous l’avons vu tout à l’heure, la seule modification que nous puissions imprimer à la matière (Voy. ci-dessus, p. 109). Si d’ailleurs on estimait qu’un déplacement ne constitue pas une modification assez essentielle pour être qualifiée de productive, alors il faudrait refuser le titre de productive aux industries extractives, car quelle différence peut-on établir entre le travail du mineur qui transporte le minerai ou la houille du fond du puits à la surface du sol, et celui du voiturier qui prend ce minerai ou cette houille sur le carreau de la mine et te transporte dans l’usine ? — à moins de prétendre que le déplacement n’est productif que quand il s’opère dans le sens vertical, et qu’il cesse de l’être quand il s’opère dans le sens horizontal ! Inutile d’ailleurs de faire remarquer que de même que l’industrie manufacturière est le complément indispensable des industries agricoles et extractives, de même l’industrie des transports est le complément indispensable de celles qui précèdent. À quoi servirait-il d’écorcer les arbres à quinquina dans les forêts du Brésil, d’extraire le guano des îles du Pérou, de faire la chasse aux dents d’éléphants dans l’Afrique Australe, si l’on n’avait des marins et des voituriers pour transporter ces produits là où on doit en faire usage ? À quoi sert à un propriétaire la plus belle récolte du monde, s’il ne peut la transporter faute de route ?

4° Pour l’industrie commerciale, l’hésitation a été encore plus longue.

En effet, on peut faire observer que l’opération commerciale réduite à sa plus simple expression — c’est-à-dire au fait d’acheter pour revendre (telle est précisément sa définition juridique) — ne suppose aucune création de richesse. Elle peut, sans doute, faire gagner beaucoup d’argent à celui qui s’y livre, mais il semble qu’elle n’ajoute rien à la richesse générale, et par le fait nous verrons que la multiplication des commerçants et des intermédiaires peut même causer une véritable déperdition de richesses.

Mais, d’autre part, il faut considérer que l’industrie commerciale ne peut guère se séparer des industries de trans-