Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/168

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Il y a un grand avantage à employer, quand on le peut, des capitaux à longue durée. En effet, si considérable que soit le travail exigé par leur établissement et si minime que l’on veuille supposer le travail épargné annuellement par leur concours, il doit arriver nécessairement, un peu plus tôt ou un peu plus tard, un moment où le travail épargné égalera le travail dépensé. Ce moment arrivé, le capital se trouvera amorti, pour employer l’expression consacrée, c’est-à-dire que dorénavant le travail économisé constituera un gain net pour la société. À dater de ce jour, et pour tout le temps que le capital durera, le service rendu par lui sera désormais gratuit. Aussi les progrès de la civilisation tendent-ils incessamment à remplacer des capitaux de moindre durée par des capitaux plus durables.

Toutefois il ne faut pas oublier :

1o  Que la formation de semblables capitaux exige d’autant plus de travail qu’ils doivent durer davantage, que par conséquent il y a ici une balance à établir. On peut dire seulement que l’augmentation dans la quantité de travail dépensé n’est pas en général proportionnelle à l’accroissement de durée obtenue et c’est là justement ce qui rend profitable l’emploi de semblables capitaux.

2o  Que la formation des capitaux fixes exige un sacrifice présent sous la forme d’une grande quantité de travail ou de frais, tandis que la rémunération qui doit en résulter, sous forme de travail supprimé ou de frais économisés, est future et en général d’autant plus reculée que la durée du capital est plus longue. Si la construction d’un canal maritime, tel que celui de Panama par exemple, doit coûter 2 milliards et ne doit être amorti qu’au bout de 50 ans, il faut alors mettre en balance d’une part un sacrifice immédiat de 2 mil-

    — et par capitaux fixes, ceux qui donnent un revenu sans être échanges, en restant entre les mêmes mains, par exemple une usine. Mais cette définition paraît peu satisfaisante, car elle conduit à dire que la houille qu’un industriel brûle dans ses fourneaux est un capital fixe, puisqu’elle n’est pas destinée à la vente, tandis qu’à l’inverse les maisons, entre les mains d’une société immobilière qui les achète pour les revendre, doivent être considérées comme un capital circulant.