Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/252

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ment ? Voilà la question qu’on désignait autrefois sous le nom de question du simple et du double étalon et qu’on désigne plus correctement aujourd’hui sous le nom de mono-métallisme ou bi-métallisme.

Si l’on ne reconnaît le titre de monnaie légale qu’à un seul des deux métaux, l’or, par exemple, en ce cas il n’y a point de difficultés. La monnaie d’argent est reléguée, comme la monnaie de cuivre, au rang de monnaie de billon : on lui attribue une valeur purement conventionnelle, mais aussi ne force-t-on personne à la recevoir dans les paiements. La monnaie d’or est la seule qui ait cours légal : c’est la seule aussi pour laquelle on ait à se préoccuper de maintenir une parfaite équivalence entre sa valeur légale et sa valeur intrinsèque.

Si on veut reconnaître aux deux monnaies à la fois le caractère de monnaie légale, en ce cas la situation devient beaucoup plus compliquée. Prenons, pour nous rendre mieux compte de ces difficultés, le système français, qui peut être considéré comme le type du système bi-métalliste, et reportons-nous au moment où le législateur l’organisait de toutes pièces (Loi du 7 germinal an XI, 28 mars 1803).

L’unité monétaire était l’ancienne livre transformée en franc. C’était une pièce d’argent : l’argent fut donc pris comme monnaie légale ; du reste, à cette époque, nul n’aurait songé à lui contester ce titre. Mais on ne pouvait faire moins que de l’accorder aussi à l’or.

Prenons, pour plus de clarté, les deux pièces similaires qui existent l’une et l’autre dans notre système monétaire, la pièce de 5 fr. d’argent et la pièce de 5 fr. d’or. Nous voulons que l’une et l’autre soient monnaie légale : il faut donc que l’une et l’autre aient une valeur métallique rigoureusement égale à leur valeur légale ; c’est une condition sine qua non, nous le savons. D’abord pour la pièce d’argent, il n’est pas difficile de satisfaire à cette condition. L’argent vaut, ou du moins valait à l’époque où nous nous sommes reportés, 200 fr. le kilogramme : donc un lingot de 25 grammes valait juste 5 fr. ; nous devons donc donner à notre pièce de 5 fr. d’argent un poids de 25 grammes, et, en ce qui la concerne, la