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ver et au contraire en augmentant le développement de la production, — sans sacrifier et au contraire en accroissant la liberté d’initiative des individus. Et posé en ces termes, le problème n’est pas facile à résoudre. Il ne le sera pas par une formule quelconque, mais par une application persévérante dans les petites choses. Il faut accepter ce monde tel qu’il est, bon et mauvais à la fois, et travailler de notre mieux à éliminer les causes d’injustice qu’il recèle et à développer les germes de justice qu’il contient. Or cela est certainement possible. Quel que soit ce monde et quelques défauts qu’on lui trouve, il n’a pas du moins celui d’être pétrifié : il se transforme sans cesse et on ne saurait démontrer, à moins d’y mettre beaucoup de parti pris, qu’il se transforme seulement de mal en pis.



III

DE L’ORIGINE DU DROIT DE PROPRIÉTÉ.


Le droit de propriété individuelle est le grand ressort de tout le mécanisme de la répartition dans les sociétés civilisées. C’est lui qui met tout en branle : aussi est-ce à lui que toutes les écoles socialistes s’attaquent.

Mais qu’est-ce au juste que le droit de propriété individuelle ? Les économistes (et même le pape Léon XIII dans son encyclique De conditione opificum) le définissent comme le droit de l’homme sur le produit de son travail personnel. Ce serait donc la réalisation de la formule « à chacun le produit de son travail ou du moins « à chacun les valeurs produites par son travail ». L’homme serait propriétaire seulement des choses qu’il aurait créées par son activité et qui ne seraient en quelque sorte que l’extension légitime de sa personnalité. Mais celui qui voudrait se servir de ce critérium dans la pratique s’exposerait à d’étranges déceptions. Faisons l’inventaire de votre patrimoine : Cette maison est-elle le produit de votre travail ? — Non : elle me vient de ma