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propre à poursuivre des fins économiques. Mais il est permis d’espérer que le jour où l’État sera constitué en vue de ses nouvelles fonctions, il pourra exercer dans le domaine économique une action plus rationnelle et plus efficace que celle qu’il a exercée jusqu’à présent[1].

§ 4. — Christianisme social.

Cette école est subdivisée en deux tendances très divergentes dans leur orientation, quoique ayant le même point de départ, et qui correspondent naturellement aux deux grandes confessions religieuses chrétiennes[2].

§ 1. — L’école catholique croit fermement, comme l’école classique, à l’existence de lois naturelles, qu’elle appelle lois providentielles, et qui gouvernent les faits sociaux aussi bien que les faits de l’ordre physique.

Seulement, elle croit que le jeu de ces lois providentielles peut être profondément troublé par le mauvais emploi de la liberté humaine, et qu’en fait c’est précisément ce qui est arrivé : par la faute de l’homme, le monde n’est pas ce qu’il devait être, ce que Dieu aurait voulu qu’il fût. À la différence de l’école libérale, elle n’est donc nullement optimiste elle ne considère point l’ordre social comme bon ni même comme tendant naturellement vers le mieux ; surtout elle n’a aucune confiance dans le laisser-faire pour rétablir l’harmonie et assurer le progrès, puisqu’elle voit au contraire dans cette liberté même, ou du moins dans ce qu’elle appelle le libéralisme, la véritable cause de la désorganisation sociale.

  1. Voy. en ce sens Dupont White, L’Individu et l’État (1865) ; Hamilton, Le développement des fonctions de l’État dans leurs rapports avec le droit constitutionnel (Revue d’économie politique, 1891) ; Cauwès, Cours d’économie politique, tome I, liv. I, 3e édit.
  2. Les chefs de cette école appartiennent plutôt à l’Eglise (Mgr von Ketteler, évêque de Mayence, le cardinal Manning archevêque de Westminster, tous les deux décédés), ou à la politique (le comte de Mun en France, le prince Liechtsentein en Autriche, M. Decurtins en Suisse). Voy. pour plus de détails Le socialisme catholique, par Nitti, traduit en français.