Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/625

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 1. — Des emprunts publics.

Quand un État a besoin d’argent, il fait comme un simple particulier, c’est-à-dire qu’il s’adresse aux capitalistes pour leur emprunter la somme dont il a besoin, en leur promettant un certain intérêt.

Toutefois les emprunts publics diffèrent des emprunts que font les simples particuliers par trois caractères :

1° L’État (comme les villes, les grandes compagnies et tous les établissements qui procèdent par voie d’emprunt public), au lieu de débattre la somme à emprunter et l’intérêt à payer, met en vente des titres rapportant un intérêt déterminé et moyennant un prix qu’il fixe à l’avance (mais qu’il ne peut fixer, cela va sans dire, que d’après le taux réel de l’intérêt sur le marché des capitaux, sans quoi il ne trouverait pas d’acheteurs). Par exemple s’il a besoin d’un milliard, il émet, c’est le mot consacré, des titres de rente rapportant 5 fr. par an et dont il fixera le prix à un chiffre plus ou moins élevé, suivant la situation de son crédit et suivant qu’il espère que les capitalistes seront plus ou moins empressés à répondre à son appel.

2° L’État emprunte d’ordinaire en rentes perpétuelles ; c’est-à-dire que le capital de la dette n’est jamais exigible et qu’il se réserve le droit de ne le rembourser que si cela lui convient[1]. On peut être tenté de s’étonner au premier abord que les prêteurs acceptent une semblable clause ; mais il suffit de réfléchir que les capitalistes qui prêtent leur argent à l’État ne le font pas dans l’intention de se le faire rembourser, mais à seule fin de placer leur capital, c’est-à-dire de se procurer un revenu assuré. Un titre de rente perpétuelle remplit à merveille cette condition, et d’ailleurs si le capitaliste, à un moment donné, veut rentrer dans son argent, rien ne lui est

  1. Ce mode d’emprunt a une origine historique. Quand les premiers emprunts d’État ont été contractés, au xvie siècle, on ne connaissait guère d’autre mode de placer de l’argent entre particuliers (le prêt à intérêt étant défendu) que de le placer en rentes perpétuelles, c’est-à-dire avec aliénation du capital (Voy. p. 493).