Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/628

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arriver directement les titres entre les mains de ceux qui doivent les garder, tandis que les banquiers sont des intermédiaires qui ne prennent les titres que pour les revendre avec bénéfice ; — de donner à ces opérations le caractère un peu théâtral de grandes manifestations patriotiques. Ainsi l’emprunt fait par le gouvernement français après la guerre a été couvert quarante fois et n’a pas peu contribué à relever le prestige du gouvernement et le crédit de l’État. Mais ce procédé a cet inconvénient que, justement en vue d’obtenir un succès éclatant, l’État fait en général des conditions trop favorables aux prêteurs et, par conséquent, onéreuses pour le Trésor.

3° Vendre directement les titres à la Bourse, au jour le jour et au fur et à mesure des besoins. C’est le procédé qu’on a employé pour les emprunts destinés il y a quelques années à payer les frais de nos grands travaux publics. Ce procédé a cet inconvénient, au point de vue politique, d’être en quelque sorte occulte et de ne pas mettre suffisamment le pays en garde contre les charges dont on le grève : le public ne s’aperçoit pas de l’emprunt ; — mais voilà justement la raison qui le fait préférer par les gouvernements en certaines occasions.

§ 2. — De l’extinction des dettes publiques.

L’américain Jefferson disait qu’une génération n’a le droit de contracter une dette qu’à la condition de la rembourser de son vivant, c’est-à-dire dans un délai de 30 ou 40 ans ; et il avait parfaitement raison[1], car il est inique qu’une génération puisse rejeter sur toutes les générations à venir le poids de ses sottises.

Aussi un gouvernement sage devrait-il toujours emprunter sous la forme de titres amortissables, c’est-à-dire en s’engageant à rembourser la totalité du capital emprunté dans un

  1. À moins toutefois qu’il ne s’agisse d’un emprunt dont les générations futures seront appelées à bénéficier : construction de chemins de fer, d’écoles, etc.