Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1775.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mêlant l’orgueil au vice, au faſte l’impudence,
Des plus viles Phrinés emprunter la licence.
Aſſiſe dans ce cirque où viennent tous les rangs
Souvent baîller en loge, à des prix différens,
Cloris n’eſt que parée, & Cloris ſe croit belle ;
En vêtemens legers l’or s’eſt changé pour elle ;
Son front luit, étoilé de mille diamans ;
Et mille autres encor, effrontés ornemens,
Serpentent ſur ſon ſein, pendent à ſes oreilles ;
Les arts, pour l’embellir, ont uni leurs merveilles :
Vingt Familles enfin couleroient d’heureux jours,
Riches des ſeuls tréſors perdus pour ſes atours.
Malgré ce luxe affreux & ſa fierté ſevère,
Cloris, on le prétend, ſe montre populaire ;
Oui : dépoſant l’orgueil de ſes douze quartiers,
Madame, en ſes amours, déroge volontiers :
Indulgente beauté, Sapho la juſtifie,
Sapho qui, par bon ton, à la Philoſophie
Joint tous les goûts divers, tous les amuſemens ;
Rit avec nos penſeurs, penſe avec ſes Amans,
Enfant Sophiſte, au fond coquette Pédagogue ;
Qui gouverne la mode ; à ſon gré met en vogue
Nos petits vers lâchés par gros in-octavo
Ou ces Drames pleureurs qu’on joue incognito ;
Protège l’univers, & rompue aux affaires,
Fournit vingt Financiers d’importans Secrétaires ;