Page:Gilbert - Le Dix-huitième Siècle, 1775.djvu/13

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Il a vendu ſa femme, & ce couple abhorré,
Enveloppé d’opprobre, eſt pourtant honoré.
Hé ! quel frein contiendroit un vulgaire indocile
Qui ſait, grace aux Docteurs du moderne Évangile,
Qu’envain le pauvre eſpère en un Dieu qui n’eſt pas ;
Que l’homme tout entier eſt promis au trépas ?
Chacun veut de la vie embellir le paſſage ;
L’homme le plus heureux eſt auſſi le plus ſage ;
Et depuis le vieillard qui touche à ſon tombeau,
Juſqu’au jeune homme, à peine échappé du berceau,
À la Ville, à la Cour, au ſein de l’opulence,
Sous les affreux lambeaux de l’obſcure indigence,
La débauche au teint pâle, aux regards effrontés,
Enflamme tous les cœurs, vers le crime emportés :
C’eſt envain que fidèle à ſa vertu première,
Louis instruit aux mœurs la Monarchie entière ;
La Monarchie entière eſt en proie aux Laïs,
Idoles d’un moment, qui perdent leur pays ;
Et la Religion, mère déſeſpérée,
Par ſes propres Enfans ſans ceſſe déchirée,
Dans ſes temples déſerts pleurant leurs attentats,
Le pardon ſur la bouche, envain leur tend les bras ;
Son culte eſt avili ; ſes loix ſont profanées :
Dans un cercle brillant de Nymphes fortunées
Entens ce jeune Abbé : Sophiſte-bel-eſprit,
Monſieur fait le procès au Dieu qui le nourrit ;