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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/12

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aujourd’hui, comme des sœurs intimement unies, toujours vivaces et toujours florissantes. Elles peuvent toujours mirer leur légendaire visage dans les mêmes eaux majestueuses qui, jadis, transportaient pour les plus grands trafics du monde les fastueux vaisseaux de la Ligue hanséatique. Sur le sol belge maintenu intégral, la vitalité apparaît, plus que jamais, féconde dans toutes les sphères ouvertes à l’activité humaine, depuis le commerce, qu’un renouveau de sève a développé sans mesure, jusqu’à la grondante industrie dont les innombrables usines crachent le feu et la fumée sur les vertes prairies du « plat pays » comme parmi les collines boisées et les rocs montueux de la terre liégeoise. L’habile initiative d’un Roi prévoyant a fait, d’autre part, accomplir des pas gigantesques aux pionniers belges de l’expansion coloniale, tandis que, à la faveur de libertés chèrement conquises et désormais liées à l’existence même du peuple, l’efflorescence des arts, des sciences et des lettres semble parvenue à un apogée qui fut rarement dépassé par les nations entre toutes privilégiées. Pour la littérature belge d’expression française, le réveil fut un peu tardif, mais il fut superbe. Ces vingt-cinq dernières années, en effet, ont vu apparaître, sur un sol jusqu’alors assez ingrat aux lettres, une légion d’écrivains personnels, — et quelques-uns véritablement puissants, — qui ont donné, dans leur pays, un essor inattendu à cette branche considérable du savoir humain. Il sera donc instructif d’établir, dès aujourd’hui, le bilan des lettres françaises qui se sont triomphalement développées en Belgique. Avant 1880, avant cette poussée subite provoquée par une école aujourd’hui fondue dans la masse des groupements, mais qui s’enorgueillissait alors du titre combattif de Jeune Belgique, les