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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/14

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çais qui, — selon un autre mot de Mme de Staël,— les « accordaient rarement à ceux qui n’étaient pas nés parmi eux ».

Or l’originalité, voilà précisément ce qui manquait à ces estimables érudits, les Stassart, les Lesbroussart, les Potvin, qui, jusqu’aux premiers jours de notre renaissance, représentaient en Belgique la littérature française. Cette imitation, ce besoin de calquer sa vision sur la vision d’un modèle, cette répugnance à ouvrir des voies nouvelles, cette tendance au style veule, banal, sans couleurs, administratif en quelque sorte, tels étaient les maux dont nos lettres françaises de Belgique souffraient a l’état endémique. Gela a été fort bien marqué dans les travaux dus à Francis Nautet, critique excellent, quoique incomplet et parfois inégal, qui, sorti de la jeune école, est mort naguère, laissant inachevée la seule Histoire des lettres belges d expression française, — la formule est de lui, — qui compte encore au moment où nous écrivons ces lignes. Le nom du poète van Hasselt est l’un des premiers qui fut rappelé à l’heure où, sous l’initiative enflammée de Max Waller,chef éclatant de jeunesse et plein de bouillonnante sève, nos jeunes forces littéraires prirent conscience de leur vigueur et de leur cohésion. Van Hasselt écrivit de beaux vers ; il était doué du souffle et de l’inspiration. Mais il fut surtout un imitateur modéré du romantisme, à une époque, il est vrai, où cela seul constituait une singulière hardiesse en Belgique. C’est pourquoi, comme le génie de la race avait été plus ou moins étouffé chez lui par son admiration pour l’homme qui alors symbolisait le romantisme aux yeux de l’Europe, je veux dire Victor Hugo, la génération nouvelle acclama plus chaleureusement encore les noms de deux écrivains ancestraux et novateurs qu’elle choisit pour ses parrains : Charles de Coster