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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/23

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très, des forces encore inconscientes et dispersées. Cette année même qui vient de s’écouler a vu le tardif hommage rendu par sa génération littéraire à Max Waller dont, désormais, un monument discret éternise chez nous la mémoire.

Parmi les physionomies infiniment diverses de nos écrivains, à côté du barde sauvage et désordonné que figure Emile Verhaeren, à côté du dilettante batailleur, alliant le détachement sceptique de Pétrone à une combattivité toujours prête, qu’est Edmond Picard, à côté de l’énigmatique Gerson laïque que rappellerait M. Maeterlinck, ou du moine de Thélème que représenterait volontiers M. Eugène Demolder, à côté de tant d’autres aux traits creusés d’originalité, Max Waller perpétue, dans les annales de la nouvelle génération littéraire , l’image gracieuse et fleurie d’impertinence de quelque page du temps de Louis XIII, qui serait attardé et surpris dans ce siècle entre tous inélégant. Il n’a laissé que des œuvrettes de tendresse et de légère observation humoristique, mais des pages comme certaines de celles qui émaillent la Vie hête, Lysiane de Lysias ou Daisy, suffisent pour faire à jamais regretter l’artiste impressionnable, si sensitif et si délicat, d’un esprit subtil à la Henri Heine, si observateur et si généreusement suggestif d’émotion que fut ce jeune écrivain.

Cependant il nous faut l’abandonner aussi, puisque la Mort a fait, de cet enfant chaleureux et trépignant, un ancêtre au souvenir presque estompé déjà dans les brumes lointaines de la renaissance actuelle. Force nous est de redescendre parmi les vivants.