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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/32

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Des natures aussi exceptionnelles, des artistes dressés dans une attitude aussi distante, et j’oserais presque dire aussi rébarbative, font rarement école. Si l’imagination religieusement rivée au sol natal de M Eekhoud a pu orienter vers des visions similaires un grand nombre d’écrivains qui, peut-être,^ se doutent peu de ce qu’ils lui doivent, il n’en est qu un pour, véritablement, porter l’estampille de 1 auteur des kermesses. C’est M. Georges Virrès, narrateur souple et vigoureux de la Glèbe héroïque et de En pleine terre. Mais, déjà, son plus récent ouvrage, les Gens de Tiest, dégage une personnalité pleine de promesses nouvelles, et dont l’ironique finesse et la tendresse adoucie sont bien éloignées du cri jeté par l’artiste dont la noblesse même de son cœur a fait un vitupérateur insurgé des conventions bourgeoises, un farouche revendicateur des claque-misére et des meurt-de-faim.

Combien différent, malgré l’indéniable parente qui existe entre l’art de l’un et celui de 1 autre, nous apparaît M. Eugène Demolder ! Pictural, comment celui-ci ne le serait-il pas, étant issu de la terre qui

fut entre toutes, aux heures de gloire la terre excitatrice 

des arts plastiques ? Mais une dualité, assez proche de celle que nous avons observée chez M Camille Lemonnier, caractérise aussi 1 inspiration de M. Demolder. Ce mystique, que nous surprenons penché avec tant d’amoureuse sollicitude vers les miniatures évangéliques des vieux maître Inlumineurs, est aussi le bon vivant que Breughe et Teniers prirent plaisir à nous peindre humant le piot et enjôlant les belles. Les premiers croquis aue M. Demolder esquissa, sous la rubrique de Contes d Yperdamme,furent d’une séduction naïve et inattendue. Déjà perçait le peintre imaginatif et complaisant des anciennes mœurs chevaleresques. Sans doute, en cette Cité de rêve, c’étaient des legen-