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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/36

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en dirigeant ses curiosités dans des voies multiples, comme l’attestent ses études de l’âme enfantine dans Chers petits anges, ses souvenirs de la vie militaire {Contes de la Boité), ses romans de passion comme le Prestige, comme l’Impossible liberté, ou la psychologie miséricordieuse et compréhensive qu’il a su employer à chanter les Vieilles amours d’une femme aimante douloureusement attardée dans le célibat.

Un optimisme serein, le goût de s’échauffer au soleil de l’existence pour savourer l’amour heureux, pour se griser dans la féerie des journées printanières, telles sont les tendances caractéristiques de M.Paul André comme aussi celles de toute cette jeune école de descriptifs wallons. Mais voici deux écrivains plus sensibles à la dureté des jours pénibles, à l’effort continu, heureux ou néfaste, de l’homme pour accomplir sa destinée ; voici deux romanciers dont une sève plus tourmentée semble alimenter la force créatrice : ce sont MM. Hubert Krains et Maurice des Ombiaux,

Incontestablement, M. Hubert Krains se range parmi les meilleurs conteurs de sa génération, si nous songeons à la patiente ciselure et au travail précis de sa langue en même temps qu’à la conception intensément simple de ses romans. Il apparut tout d’abord assombri d’un pessimisme un peu tendu et excessif dans les Bons parents ou dans les Histoires lunatiques. Des œuvres plus récentes. Amours rustiques et le Pain noir, ont révélé, en adoucissant ce qu’il y avait de tendancieux dans cette humeur, la véritable valeur du romancier. Désormais, la gravité apitoyée dont les cruautés mystérieuses de l’existence ont marqué sa vision, subsiste sans l’âpreté chagrine que l’on eût pu craindre de voir se développer en lui. Ses œuvres sont empreintes d’une solidarité humaine pleine de