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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/39

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trop libertines dans leur grâce déliée, que signa M. André Ruyters (Les escales galantes). Enfin, sans oublier les consciencieuses études bourgeoises de M. Louis van Keymeulen, qui sont d’un observateur artiste, les essais de M. Greyson, les contes ou romans de M. Hubert Stiernet, ceux de MM. Sander Pierron, Delchevalerie, Alfred Lavachery, Léon Paschal, M. Renard, A. Fontainas, R. Nyst, H, Nizet, Dumont-Wilden, Charles Morisseaux, Michel Bodeux, R. Petrucci, Michel y Serentant, Rouvez, etc., ou ceux de M. Frédéric Cousot, et tant d’autres jolis romans ou nouvelles isolés,

— parmi lesquels les Contes inquiets, de M. Pol Demade, révèlent un moraliste de race en même temps qu’un artiste impressionnable, — nous nous arrêterons un instant à l’un de ceux qui, entre tous les nouveaux venus, s’est imposé vite au grand public de son pays par la découverte et par l’exploitation d’un « frisson nouveau », si le mot, banalisé, n’est pas trop gros. C’est le frisson de « l’humour belge ». Sans y songer peut-être, M. Gourouble en a créé le genre. Genre attrayant, sans prétentions exigeantes, genre néanmoins qui requiert plus de finesse de doigté et une plus investigatrice compréhension de l’homme et de son âme que l’on ne pourrait d’abord le supposer. Il y a, dans les amusants épisodes de U Famille Kaekebronck, Pauline Pladbrood, Le mariage d’ Hermance, etc., un dosage adroit et bien équilibré de bonté foncière, d’observation éveillée et d ironie indulgente. Tout cela malaxé par un analyste toujours en éveil. Aussi, M. Gourouble a-t-il produit une manière d’œuvre’ classique, quelle que soit d’ailleurs la fantaisie des sujets exploités, œuvre qui résume et condense toute une province de l’esprit belge. La moyenne bourgeoisie bruxelloise est ici photographiée sur le vif. M. Gourouble a ingénieusement fixé les traits de