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Page:Gilbert - Les Lettres françaises dans la Belgique aujourd’hui, 1906.djvu/41

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Les Poètes.

Dès l’heure où il y eut en Belgique une école de poètes originaux, le charme de la décadence, — qui régnait alors en France, — marqua d’une empreinte un peu morbide leurs productions initiales. On retrouve l’influence de Baudelaire à la genèse même du mouvement qui affranchit notre littérature du joug de la conformité. Tant il est vrai que l’on est toujours le légataire de quelqu’un ! Avant donc que le symbolisme, qui allait bientôt naître, ne vînt diviser en deux camps nos phalanges poétiques, avant que les parnassiens et les symbolistes n’apparussent séparés par des tendances esthétiques différentes plus encore que par des conflits de technique, il est aisé de retrouver la ride baudelairienne sur la plupart des œuvres nées de la renaissance de 1884 :

« Aussi bien, — écrivait naguère M. Dumont-Wilden, — toutes les poétiques nouvelles, ainsi que tous les mouvements d’âme qu’elles manifestent, eurent-elles dès l’abord, en Belgique, leur contre-coup violent, souvent excessif, mais toujours sincère Les écrivains belges ont toujours cru que « c’était arrivé », ce qui est à la fois une qualité et un défaut.

« Toutes les productions de cette génération poétique portent cette même empreinte. Que de baudelairisme dans Hors du siècle, de Giraud ; dans la