Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/24

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Près de ses chers papiers depuis bientôt un an.
Les aiguilles encor dorment sur son cadran.

Il n’était pas tout seul au milieu des tempêtes,
Car pour lui bien souvent mes filles inquiètes,
Dans les gros temps d’automne ont prié le bon Dieu.

Au lieu d’un « au revoir », avons-nous un adieu ?
Reviendra-t-il jamais ? Nous gardons l’espérance
De le revoir un jour, malgré sa longue absence.

Nous bénissons le temps qu’il a vécu chez nous…
Ah ! le pauvre jeune homme, il était triste et doux,
Et tout plein son bon cœur il avait de la peine !

  La fileuse, à ces mots, laissa tomber sa laine,
Jeta deux gros rondins d’érable dans le feu,
El tira de l’armoire un épais cahier bleu
Qu’elle tenait sous clef, en gardienne fidèle.

— Voici ! prenez-en soin, s’il vous plaît, reprit-elle,
En me tendant le livre ardemment convoité.

Comme titre, il portait : « Le Cap Éternité »,
En caractères noirs écrits sur le bleu pâle.
L’or de la fleur de lys élégante et royale
Décorait par endroits le couvert azuré ;
Ailleurs, nouvel emblème également sacré
Mariant le présent au passé vénérable,
S’étalait la beauté de la feuille d’érable.

Je l’ouvris, parcourant en hâte les feuillets
Pendant que vers ma chambre, ému, je m’éloignais.