Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/69

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Devant votre infini je vous aime à genoux.
L’amour qui monte à vous, monte jusqu’à Dieu même :
Vous aimer, c’est lui dire avec l’esprit : Je t’aime ;
C’est l’adorer deux fois que l’adorer en vous !

Souffrez qu’un malheureux vous adore à genoux.

Oui, certes, je le sais. Dieu seul est adorable.
Mais puisqu’un sang divin en vous a palpité,
Et qu’en vous se complaît la Sainte Trinité,
Votre nom douloureux est plus que vénérable :

Par le sang de Jésus vous êtes adorable !

Tant que sur les linceuls les mères pleureront,
Et tant que la candeur souffrira pour le crime,
Jamais croyant, épris d’un idéal sublime,
Vers un culte plus beau ne lèvera son front,

Tant que sur les linceuls les mères pleureront !

Je viens vous implorer au saint nom du Calvaire.
Osant, malgré ma honte et mon indignité,
Comparer aux douleurs de la Divinité
Le juste châtiment d’un pécheur sur la terre,

Je viens vous implorer au saint nom du Calvaire.

Au gibet de la Vie on m’a crucifié !
J’ai ployé sous le faix et j’ai subi l’injure ;
Une tourbe odieuse a raillé ma torture,
Quand, trahi, sans espoir, éperdu, j’ai crié.

Au gibet de la Vie on m’a crucifié !