Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/96

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Je vole à son assaut ; enfin, je vais l’atteindre !...
J’y parviens ! Il est temps, car le jour va s’éteindre.
Mais autour du sommet se dresse un vert rempart :
La couronne des pins, des cèdres et des ormes,
À ses fleurons altiers arrête mon regard.

Sur le granit poli des chauves plate-formes,
Par mon ombre vers l’Est loin de moi précédé,
Je cours vers un plateau rugueux et dénudé
D’où rien ne rétrécit le solennel espace.
Le vaste écartement de l’angle que j’embrasse
Entraîne ma pensée au seuil de l’Infini.

Sous les rayons dorés, les montagnes sereines
Jusques à l’horizon développent leurs chaînes
Dont l’orgueilleux profil enfin s’est aplani,
Et, ruban satiné, s’allonge sous la nue,
Comme pour défiler, au fond de l’étendue,
Devant le sceptre d’or de quelque majesté
Régnant sur la lumière et sur l’immensité.
Serait-ce une féerique illusion des choses ?
Ou bien, dans le recul des solitudes roses,
Par delà l’Océan des monts échelonnés,
Les sommets glorieux se sont-ils prosternés ?
Devant tant de grandeur, la main de Dieu m’écrase.
J’entre en communion dans cet immense amour
Qui monte de la terre au soleil qui l’embrase.
Je suis pris du vertige où défaille le jour ;