Page:Gille - La Cithare.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Et, plus loin, l’océan couleur de violette,
Frôlant le sable blanc, pétillait de rayons,
Tandis qu’avec des cris d’amour des alcyons,
Plongeant, effleuraient l’onde où leur vol se reflète.

La chanson de la brise et l’hymne de la mer
Se mêlaient en accords au pied du promontoire ;
La terre s’éveillait dans une aube de gloire,
La rose du soleil s’entr’ouvrait dans l’éther.

Je marchais enivré de force et d’harmonie ;
Un esprit circulait partout libre et hardi,
Et, des proches forêts au rivage arrondi,
Mon âme fleurissait à la nature unie.

Autour de moi, parmi les souples romarins,
Tendrement, longuement, roucoulaient des colombes ;
Entre les clairs bassins, les buissons et les tombes
Des éphèbes erraient, ornés de joncs marins.

Pressant de l’aiguillon les bœufs pesants et graves,
Les laboureurs joyeux revenaient du travail,
Et sous les sorbiers ronds aux grappes de corail
Des vierges s’égayaient de murmures suaves.