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SIXIÈME LEÇON

L’AVÈNEMENT DU PATHÉTIQUE
MYSTÈRES ET DANSES MACABRES




Caractères de l’art au xve siècle. I. La Grande Peste et ses conséquences. Trouble et déséquilibre, névrose de ce temps. Influence des Mendiants. — II. Les motifs nouveaux dans les représentations de l’Évangile. Les « Mystères ». Naturalisme et pathétique. Les Passions. L’Homme de douleurs. La Vierge de Pitié. — III. L’idée de la mort au xve siècle. Les Danses macabres. L’Ars Moriendi. Tristesse de la fin du moyen âge.


J’ai retracé jusqu’à présent la révolution morale contemporaine de l’avènement des ordres mendiants. Les effets en ont modifié toute l’économie de l’art religieux. Le goût des idées se perd, mais tout prend un accent nouveau de familiarité, d’émotion, de vie. Le xive siècle a vu s’accomplir cette transformation. Mais c’est le suivant qui va en développer les conséquences et porter aux extrêmes limites les principes en germe dans l’art de l’époque antérieure, et l’esthétique nouvelle de la sensibilité. Avec le xve siècle, nous abordons la seconde partie de cette revue, la plus curieuse, la plus riche et la plus dramatique. C’est l’heure où l’art qui nous occupe devient vraiment européen, et où l’esprit de la grande démocratie mendiante est réellement celui de toute la chrétienté. Françaises ou allemandes, anglaises ou néerlandaises, italiennes ou espagnoles, des milliers d’œuvres d’art en témoignent encore. Leur variété surprend d’abord et décourage. Mais on s’aperçoit bientôt qu’elle