Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/345

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collets, Capucins, sont le triple rameau qu’y ajoute le xvie siècle[1]. Mais alors intervient une circonstance étrangère. La Réforme vient modifier le cours régulier des choses. L’Église se sent observée avec une malveillance sévère. Elle corrige tout ce qui prête le flanc à la critique. Elle sacrifie à la prudence une partie de son ancien art.

Voilà le double tableau que je voudrais décrire. D’abord, la persistance de l’art chrétien et sa réaction spontanée contre la Renaissance, ensuite sa réforme intérieure sous la pression protestante, tel sera le sujet de cette espèce de diptyque. Il ne restera plus, après cela, qu’à rechercher ce que l’Église sauvera, malgré tout, de ses traditions d’art, des richesses sentimentales que lui avaient apportées les ordres mendiants : c’est ce que je ferai dans une dernière leçon.

I


Je ne reviens pas sur ce que j’ai dit l’autre jour de Savonarole. Je goûte peu le théocrate, le politique et le factieux ; on surfait les mérites de l’esthéticien ; mais son action sur l’art n’en a pas moins été très réelle et profonde. Les artistes, race impressionnable et imaginative, subirent vivement son ascendant. Sa voix était irrésistible. On connaît le cas de ce peintre, un des plus enragés des Arrabiati, c’est-à-dire du parti opposé au tribun. Une dame de ses amies l’emmena au sermon. Après vêpres, le libertin demande à se confesser. Quelques jours plus tard, il se présentait à la porte de San Marco, et prenait l’habit de novice. Beaucoup d’autres éprouvèrent des effets analogues, depuis Botticelli, le

  1. Cf. Holzapfel. Historia ordinis minorum. Fribourg. 1909. Pars II, p. 266 et suiv.