Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/356

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moine se fixa sur un monticule de la vallée de la Sessia, qui domine le bourg de Varallo. Cette colline lui parut convenir à son dessein. Dans un espace d’environ une demi-lieue de circonférence, il s’y trouvait assez d’accidents de terrain, de creux et de reliefs, pour figurer une Galilée et une Judée en miniature. C’est là que Caimi résolut d’édifier la « Nouvelle Jérusalem. » Il commença par un fac-similé du Saint-Sépulcre ; il y ajouta ensuite le tombeau de la Vierge. Peu à peu, de nouvelles annexes s’adjoignirent à ces débuts : toute la vie du Christ devait être représentée dans des chapelles séparées. En bas, au bourg de Varallo, s’éleva un couvent, avec l’église où sont les fresques dont j’ai parlé. En haut, parmi des bois, sur la cime de la sainte montagne, se dissémine cet étrange village fait d’oratoires et de sanctuaires. On monte de l’un à l’autre par un chemin raboteux, où de grands châtaigniers versent leur ombre séculaire.

L’enceinte de la montagne mystique ne comprend pas moins de quarante-cinq stations, mais la plupart sont d’une date plus récente. Saint Charles Borromée, en fréquentant le Sacro Monte, donna au pèlerinage une vive impulsion. L’entreprise fut développée sur de grandes proportions ; les chapelles existantes furent restaurées et refaites. Il est difficile de discerner, à travers ces remaniements, les parties primitives. Le système adopté est celui du tableau vivant. Nulle part il n’est employé sur une plus grande échelle. La statuaire s’y mêle audacieusement à la peinture. Des personnages de terre cuite polychrome, de grandeur naturelle, et costumés d’oripeaux somptueux, jouent les rôles principaux devant des panoramas servant de toile de fond, et qui continuent le sujet. Ce réalisme radical fait hésiter le jugement. Nous connaissons cet art : c’est