Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/386

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vois pas de programme d’une teneur plus homogène et plus monumentale, menant le spectateur, avec une égale certitude, d’autel en autel jusqu’au chœur, suivant un rythme aussi sensible, et par un crescendo qui justifie mieux les éclats de la péroraison, les écroulements fastueux de gloires et de nuages, et la pompe d’une conclusion en style d’apothéose.

Ce type a été modifié de toutes les façons, couronné de coupoles, diversifié par des transepts, compliqué de bas côtés, établi sur plan circulaire ou sur plan elliptique : — je ne voulais que vous rendre sensible la filiation franciscaine, laquelle n’est elle-même, en son fond, qu’un retour inconscient à la vérité italienne et à la basilique latine. C’est bien là ce qui fâche certains archéologues, et ce qui les fait parler avec mauvaise humeur du paganisme de l’art jésuite. Mais faut-il pour cela s’empêcher de sentir le charme incomparable de la Rome « baroque » ? Trop longtemps je ne sais quel rigorisme esthétique, quelle étroitesse gallicane, nous ont condamnés à bouder les grâces de la Rome d’Urbain VIII et d’Innocent X. Que de fois j’ai fermé les yeux aux plus touchantes merveilles, pour m’exciter à l’enthousiasme devant des mosaïques sauvages et de grossiers « Primitifs » ! Combien de temps et de bonne volonté perdus !

Eh bien ! je ne m’associerai pas davantage à ce complot qui calomnie trois siècles de la vie de l’Église et ferait répudier, comme dégénéré, le catholicisme moderne. Me maudissent les partisans du gothique à outrance ! Je préfère la plus mauvaise des églises jésuites à un pastiche comme Sainte-Clotilde ou Saint-Epvre à Nancy. Pas une n’est indifférente. J’aime jusqu’à leurs façades théâtrales et tourmentées, à leurs aplombs rompus, à leurs lignes ondoyantes, jusqu’à cet aspect