Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/390

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charme des voluptés profanes ; il poursuit le rapide plaisir comme son Apollon vole après sa Daphné : et voilà qu’au milieu de cette course à la joie, passe le froid soudain de la pénitence et de la mort. Le Bernin, — j’y insiste parce qu’il est le coryphée du baroque, l’incarnation du style jésuite, — est plein de ces mystérieux atavismes franciscains. On ne parle jamais que de sa Sainte-Thérèse : mais n’est-ce pas lui qui a sculpté à San Pietro in Montorio, le groupe sublime du Ravissement de saint François, et qui a ciselé — avec quel magique sentiment ! — dans la petite église de San Francesco à Ripa, l’incomparable figure gisante de la Bienheureuse Albertoni ?…[1]

Et maintenant, écoutez ceci :

« Qui vous ouvrirait le Paradis ne vous obligerait-il pas parfaitement ? Ne donneriez-vous pas des millions d’or pour en avoir une clef ?… En voici une, voire cent, à meilleur compte… »

Exemple : dire tous les jours bonjour, bonsoir à la Vierge ; porter au bras un chapelet.

« Et puis dites que je ne vous fournis pas des dévotions faciles pour acquérir les bonnes grâces de Marie… Je ne vous en rapporterai que l’exemple d’une femme qui, pratiquant tous les jours la dévotion de saluer les images de la Vierge, vécut toute sa vie en péché mortel, et mourut enfin en cet état, et qui ne laissa pas d’être sauvée par le mérite de cette dévotion.

— Et comment cela ? m’écriai-je ?

— C’est que Notre-Seigneur la fit ressusciter exprès, tant il est sûr qu’on ne peut périr quand on pratique quelqu’une de ces dévotions.

  1. Reymond, loc. cit., p. 63, 164.