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PINDARE

de provoquer la colère, en négligeant les hommages constants qui leur sont dus. Chacune a, de plus, suivant ses origines et la race qui l’a fondée, ses patrons divins, qui habitent ses temples et la suivent dans tout le cours de sa destinée depuis son berceau. Athènes est la ville de Minerve, Sparte celle d’Apollon ; Etna, récemment fondée par Hiéron, est consacrée à Jupiter, les cités rhodiennes au Soleil ; Orchomène honore particulièrement les Grâces, Égine les Éacides, car avec les dieux il y a les héros, héros fondateurs et éponymes, héros ancêtres des nobles familles auxquelles appartiennent les athlètes couronnés à Delphes ou à Olympie. C’est ainsi que chaque ville a son monde divin et mythologique, dans lequel elle vit depuis qu’elle est née, dont elle ne sépare aucun de ses souvenirs, aucun de ses actes, que des sacrifices journaliers, de nombreuses fêtes représentent sans cesse à son imagination. Elle croit que ces êtres supérieurs la soutiennent de leur présence tant qu’elle existe, l’abandonnent si elle succombe, tant sont puissants les liens qui l’unissent et la confondent presque avec ses dieux.

Il est vrai qu’en général l’expression de cette foi dans l’action présente de la divinité n’est pas enthousiaste. Les Grecs n’ont rien qui soit comparable aux hymnes juifs, par exemple au chant de Moïse après le passage de la mer