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PINDARE

ticulièrement la patrie des vainqueurs ; ce sont les titres d’illustration de leur famille, ou ses origines mythologiques, ou ses succès de diverse nature, ou sa fortune et sa haute situation dans l’État. De quelle façon particulière Pindare a-t-il traité ces lieux communs et comment y a-t-il imprimé sa marque ?

Ce qui nous frappe d’abord ici, c’est la réunion de deux mérites très distincts : un soin attentif et une grande liberté. C’est là un trait tout personnel. Il sait faire entrer une abondance de souvenirs et de faits dans le tissu souple et fort de ses odes ; il sait, de plus, se mouvoir avec aisance dans le monde mythologique et y trouver, pour la mettre en valeur, la légende particulière qui illustre son héros. C’est ainsi que, dans la VIe Olympique, il insère la brillante et gracieuse histoire du devin Iamos, fils d’Évadné et d’Apollon, que l’on trouve, cinq jours après sa naissance, au milieu des buissons, sur la rive de l’Alphée, « ayant son corps délicat mollement baigné dans le doux rayonnement des violettes. » Le premier sans doute, il avait tiré des sources obscures de la tradition orale, pour l’éclairer d’une lumière poétique, une légende chère à la famille du vainqueur, qui prétendait se rattacher aux Iamides. C’est une des bonnes remarques dont est rempli le chapitre de M. Croiset sur cette question. Et il ne faut pas croire que, dans