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PINDARE

sûrs qu’ils n’étaient pas choqués comme nous ; ce qui nous avertit que l’élocution de Pindare se règle d’après des conditions particulières, dont nous avons besoin de nous rendre compte. Il se peut que notre goût reste toujours médiocrement séduit par certains détails ; mais une analyse des éléments dont elle se compose et l’étude de ses caractères propres nous en facilitent l’intelligence et l’appréciation. M. Croiset nous a donc rendu service en écrivant sur ce sujet un chapitre où, avec la sûreté de sa méthode et de son goût, il définit ces différents points : le dialecte de Pindare, formé d’un mélange du dialecte épique avec les dialectes dorien et éolien qui varie, comme le rythme et le mode, selon la nature des odes et le caractère des idées ou des sentiments exprimés ; son vocabulaire, qui paraît reprendre des mots vieillis et se crée par d’heureuses inventions de nouvelles richesses ; cette profusion d’images et de figures qui illumine sa langue, nerveuse autant que brillante ; la structure expressive de sa phrase, qui se ramasse en un trait rapide, ou se déploie en période immense, suivant le mouvement de la pensée ou la force naturelle de l’élan poétique.

Ce genre d’étude sur Pindare semble nous transporter bien loin de notre pays et de notre temps ; on y trouverait, cependant, sur notre propre littérature, la matière d’un intéressant travail qui ne