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PINDARE

de la musique grecque avec ses modes et ses genres. Ce trait marque bien ce mélange d’enthousiasme et d’érudition qui caractérise la Renaissance.

Dans notre siècle, personne assurément n’a jamais eu l’intention de pindariser. Si par impossible il était arrivé à nos grands lyriques de songer à Pindare, c’aurait été sans doute pour s’applaudir de n’avoir rien de commun avec les pindarisants du siècle dernier. Indiquons cependant, sans prétendre d’ailleurs les juger encore une fois, certaines analogies qui les rapprochent du lyrisme grec. La première est dans les qualités musicales de leurs vers. Il est clair que chez eux on ne trouve rien de comparable à cette composition savante des mètres et de la musique qui s’unissaient intimement dans le contour sinueux des grandes strophes de Pindare ; mais, par le sentiment du rythme et par les effets d’harmonie, la poésie est devenue elle-même une musique, assez sensible à notre oreille pour nous rendre quelque chose des impressions du lyrisme antique. Il y a aussi des rapports plus directs, que l’on peut observer dans l’élocution.

Pour type de ces caractères nouveaux de notre poésie qui font penser à Pindare, il faut choisir évidemment l’homme illustre qui doit à la supériorité de son talent et à sa puissante fécondité le