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L’ANTIGONE DE SOPHOCLE

tance prudente de toute querelle contemporaine, un exemple assez curieux de cette action, parfois imprévue, d’un penseur sur la critique littéraire, même dans les régions paisibles et lointaines de l’antiquité. L’examen nous en sera d’autant plus facile que nous sommes désintéressés dans la question. Peut-être même mériterions-nous plutôt le reproche de n’y point porter assez d’intérêt, car il n’y a guère d’emploi plus noble et plus délicat des facultés critiques que l’interprétation des chefs-d’œuvre de l’art grec. Il s’agit de l’Antigone de Sophocle, celle de ses pièces qui semble avoir le plus charmé les modernes. C’est elle que choisissait Barthélémy pour révéler tout d’un coup à son philosophe barbare la délicatesse de la civilisation athénienne, et, plus près de nous, d’abord à la cour savante de Berlin, puis à Paris, en 1844, à l’Odéon, elle se faisait applaudir dans des représentations remarquables par une certaine recherche archéologique, que soutenait la musique de Mendelssohn.