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À M. LÉON BRUYS D’OUILLY


Enfants de la même colline,
Abreuvés au même ruisseau,
Comme deux nids sur l’aubépine,
Près du mien Dieu mit ton berceau.

De nos toits voisins, les fumées
Se fondaient dans le même ciel ;
Et de tes herbes parfumées
Mes abeilles volaient le miel.

Souvent je vis ta douce mère,
De mes prés foulant le chemin,
Te mener, comme un jeune frère,
À moi, tout petit, par la main.

Et te soulevant vers ma lyre,
Sur ses bras qui tremblaient un peu,
Dans mes vers t’enseigner à lire :
Enfant qui joue avec le feu !

Et je pensais, par aventure,
En contemplant cet or mouvant
De ta soyeuse chevelure,
Où ses baisers pleuvaient souvent :

« Charmant visage, enfance heureuse !
» Sans prévoyance et sans oubli,
» Que jamais la gloire ne creuse,
» Sur ce front blanc, le moindre pli.