Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/198

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» Que jamais son flambeau n’allume
» D’un feu sombre ces yeux si beaux,
» Ainsi qu’une torche qui fume
» Et se réfléchit dans les eaux !

» Que jamais ses serres de proie
» N’éclaircissent avant le temps
» Ces cheveux où ma main se noie,
» Feuillage épais de tes printemps !

» Que jamais cette main qui vibre,
» Dans ma poitrine à tout moment,
» N’arrache à ton cœur une fibre,
» Comme une corde à l’instrument !

» Si quelque voix chante en son âme,
» Que son écho mélodieux
» Soit dans l’oreille d’une femme,
» Et sa gloire dans deux beaux yeux !… »

Je partis : j’errai des années ;
Quand je revins au vert vallon,
Chercher nos jeunesses fanées,
Je ne trouvai plus que ton nom.

Le feu qui m’avait fait poëte,
Jaloux de tes jours de repos,
S’était abattu sur ta tête
Comme un aiglon sur deux troupeaux.

L’astre naissant de ta carrière
Sur ton front venait ondoyer,
Dardant des reflets de lumière
Qui te présageaient son foyer.