Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/232

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tement que lui seul aurait le droit d’habiter. Il se souvint aussi de M. Nantua, des secours qu’il avait trouvés en lui, de la brillante fortune qu’il lui devait ; il prépara aussi en idée un petit appartement, dans sa maison de campagne, pour M. Nantua. Et puis il pensa au plaisir d’avoir une jolie femme à lui tout seul, une jeune fille bien ignorante et bien naïve, que l’amour effarouche et qu’un mot fait rougir ; un jeune cœur tout frais qui n’a jamais aimé, dont vous avez la première émotion, la première joie…

Et comme toutes ces idées sont fort douces, elles le bercèrent mollement… Par degrés, sa promenade du matin — le silence — le demi-jour — la sympathie du sommeil — la pureté de ses sentiments, peut-être, agirent sur ses sens, et, malgré lui, entraîné par l’exemple, il finit par s’endormir à son tour.

Sa tête se pencha lentement sur le lit, elle y resta appuyée ; et la canne, qu’une main endormie ne soutenait plus, glissa bientôt sur le tapis.