Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/57

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et de mystère, où le soleil, qui est encore l’astre du jour pour l’homme des champs, n’est plus, pour le triste habitant des villes, qu’un réverbère à moitié éteint, qu’une lanterne mourante et perfide qui, dans l’ombre, égare ses pas. Sur les grandes places, les quais, les boulevards, il fait encore jour — dans les rues, c’est un doux crépuscule, un quasi clair de lune — dans l’intérieur des maisons, c’est la nuit — et dans les corridors, qu’est-ce donc ? ténèbres, profondes ténèbres !

C’est l’heure de toutes les fautes, l’heure des vols et des aveux ; c’est l’instant où la rougeur n’est pas visible, où l’on peut dire : « Je vous aime, » effrontément, et malheureusement on le dit — c’est l’heure où l’ouvrière trop laborieuse persiste à travailler et se trompe : cette lueur incertaine égare ses yeux ; elle passe, dans un canevas, une maille dans le filet, que sais-je ? Elle commet une toute petite erreur qui cause par la suite de grands dérangements ; c’est enfin l’heure où les antichambres sont désertes, où les domestiques allument les lampes : il y en a même de prudents qui ont