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par hasard, en grandissant dans la nuit.

DEUXIÈME EUMÉNIDE. – Nous ne te disons rien de l’amour, mais cela nous paraît extraordinaire !

PREMIÈRE EUMÉNIDE. – Et elle va tout gâter avec son venin.

TROISIÈME EUMÉNIDE. – Avec son venin de vérité, le seul sans remède.

PREMIÈRE EUMÉNIDE. – Tu as raison. Nous savons à quoi tu penses. C’est magnifique, la royauté, Oreste ! Les jeunes filles dans les parcs royaux qui donnent du pain au cygne, cependant que de leur blouse pend le médaillon du roi Oreste, qu’elles embrassent à la dérobée. Le départ pour la guerre, avec les femmes sur les toits, avec le ciel comme une voile, et ce cheval blanc qui steppe sous les musiques. Le retour de la guerre, avec le visage du roi qui paraît maintenant le visage d’un dieu, tout simplement parce qu’il a eu un peu froid, un peu faim, un peu peur, un peu pitié. Si la vé-