Page:Giraudoux - Électre.djvu/77

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ÉLECTRE. – Cher jardinier…

LE JARDINIER. – Mes ongles noirs ? Voilà que mes ongles sont noirs ! Ne la croyez pas, Électre. Vous tombez bien mal, reine, aujourd’hui. Car j’ai passé ce matin ma maison à la chaux de manière qu’aucune trace n’y demeure des mulots et des serpillères, et de cela mes ongles sont sortis, non pas noirs, comme vous voulez bien le dire, mais lunés de blanc.

ÉGISTHE. – Cela va, jardinier.

LE JARDINIER. – Je sais, je sais que cela va. Et mes mains sont sales. Regardez. Voilà des mains sales ! Des mains que j’ai justement lavées après avoir retiré les morilles et les oignons pendus, pour que rien n’entête la nuit d’Électre… Moi je coucherai dans le hangar, Électre, d’où je surveillerai toute menace à votre sommeil, qu’elle vienne du hibou en fraude, de l’écluse ouverte, ou du renard qui fourrage la haie, sa tête grossie d’une poule. J’ai dit…