Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/104

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Sept heures quarante, les externes surveillés passent dans les cloîtres, avec des murmures et des bruits de relève, leurs corps surveillés tout près d’eux par le maître, leurs ombres du dehors par le censeur ; puis la cohorte des demi-pensionnaires qui ne voient leurs parents qu’à la lumière des lampes, ou le dimanche ; il ne reste plus dans le lycée que ses vrais fidèles et que moi.

La lune alors apparaît ; le vent se lève, les girouettes grincent ; chaque clef de voûte des cloîtres, forée d’une ampoule, illumine et soutient un second cloître de lumière ; les garçons placent à la volée les assiettes sur le marbre des réfectoires. Près du tilleul, au centre de la cour d’honneur, le proviseur et le surveillant général, qui m’ont aimé. Ils n’ont pas changé ; jadis ils me semblaient si vieux et justement ils ont vieilli. C’est la première fois où ils ne me voient pas enfant, et ils me reconnaissent. Pour la première fois, je serre leur main, où jadis la mienne se perdait,