Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/120

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orner la fête : ce sont des gens invulnérables de corps et d’âmes, nulle ride au front, nulle brisque au bras droit.

— Drôle de bête, disent-ils tous trois devant la statue de la Licorne.

On reconnaît un fantassin à ce qu’il appelle son cheval ma bête : ils n’ont jamais monté de licornes. Il vont, rapprochant de tout leur binocle, cherchant sur chaque visage de vieillard, sur chaque épaule de jeune fille, avec insistance, le signe auquel on reconnaît l’enfant dérobée par des brigands, ne le trouvant jamais. Ils se précipitent vers la librairie allemande, s’attardent sans tact devant la vitrine en forme de four, dont est baissé à demi le tablier de fer, et à l’étalage admirent les couvertures illustrées sur lesquelles on voit tout ce que peut faire une Allemande, brune en linon blanc à raies mauve, écharpe verte, rousse en vert décolleté, écharpe orange, avec un cobra, avec Jack l’éventreur, avec une arlequine noire et blanche. Du moins le moins barbu