Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/122

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tes s’appuient à nous, chantent la Marseillaise en tapant en mesure nos vestons, nos revolvers d’une main à cinq doigts écartés, s’accompagnant sur nous. Clavier muet, le faux Claudel sourit. Des garçons me donnent la main, me la donnent vraiment, pour toujours, la reprenant comme un cadeau les fois où je la leur rends. Le tambour est posé au milieu de la route, près des notables, qui se retiennent pour n’y pas appuyer leur oreille. Voici Saverne assiégée du côté que jamais les Suédois ou les Allemands ne menacèrent ! Tout le long des Vosges on entend maintenant des souffles puissants d’autos, des coups de sirène et de sifflets, une machine trépidante. On entend des câbles qui grincent, des ais qui gémissent ; les Français débarquent de je ne sais quel lointain pays soudain amarré à l’Alsace,… et parfois juste le hennissement du cheval suspendu en l’air par une grue ! Les Français débarquent de ces provinces qui flottent mollement du présent au passé, de