Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/124

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maintenant à nouveau, mais vite… vite… Moi, je ne vois que la licorne soudain ensoleillée, qu’un pompier qui a glissé, que le sourd-muet de la ville qui par fierté raye de son ardoise le mot sourd-muet… Mais je sens, comme M. Knœpfl, la dernière minute des quarante-huit ans frémir comme une frange.

Tout à coup cent trompettes grésillent. Les hauts de forme disparaissent, mais la même lumière joue sur les crânes chauves. Au-dessus de la foule s’élève soudain, costumé en petits turcos, ce qu’il y a de plus léger en Alsace, ce qui est né depuis la guerre, tous les enfants soudain sans poids… et les trente-huit millions de Français entrent…

Oui, quatre Français entrent, avec des lances, sur de grands chevaux curieux qui dévisagent chaque enfant.

Le faux Claudel est tout blême, il mord ses lèvres ; il détourne ses yeux des miens :

— Ah ! Alsace ! s’obstine-t-il à ne pas me dire, voilà que le monde sur toi noue enfin sa ceinture !