Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/190

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le soleil, qu’on l’attise, quand il flambe enfin ; quand la lumière victorieuse bat d’un centimètre, sur la terrasse, la goutte partie de cent mille fois moins loin qu’elle ; quand la demoiselle de magasin se précipite en riant vers son amie dans le magasin d’en face ; quand le progermain remonte sa fenêtre, voit des dieux gras et solides, mouillés jusque sous leurs fourrures, lutter jovialement entre eux, et Erda glisser, Erda tomber, car le ciel est glissant, en ouvrant ses grandes jambes blanches ; quand le bébé dans le side-car reçoit sur le nez la dernière goutte et crie… — puis, quand les nénuphars se haussent au-dessus de la couche d’étang nouvelle ; quand le fermier en bottes va vider de leur eau les pots de résine et de sirop d’érable ; quand un enfant, il ne sait pour quel bonheur, veut brûler du papier d’Arménie ; quand le voyageur, au tournant du canon, descend de son mulet, le caresse… le caresse… et soudain remonte vite, car il veut garder sa place sèche, et car l’orage recommence ;