Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/214

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Alcmène. — C’est ma seule chance. Si je vous déplaisais tant soit peu, vous n’hésiteriez pas à m’aimer de force pour vous venger.

Jupiter. — Moi, je te plais ?

Alcmène. — En doutez-vous ? Aurais-je à ce point le sentiment de tromper mon mari, avec un dieu qui m’inspirerait de l’aversion ? Ce serait pour mon corps une catastrophe, mais je me sentirais fidèle à mon honneur.

Jupiter. — Tu me sacrifies parce que tu m’aimes ? Tu me résistes parce que tu es à moi ?

Alcmène. — C’est là tout l’amour.

Jupiter. — Tu obliges ce soir l’Olympe à parler un langage bien précieux.

Alcmène. — Cela ne lui fera pas de mal. Il paraît qu’un mot de votre langage le plus simple, un seul mot, tellement il est brutal, détruirait le monde…