Page:Giraudoux - Amphitryon 38.djvu/53

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comme une beauté parce que c’est une laideur étrangère, c’en est fini, dans l’armée et dans l’art, de la paix des ménages. Car le goût de l’étranger agit plus puissant sur un homme que le goût du foyer. Comme un aimant, les étrangères attirent sur elles les pierres précieuses, les manuscrits rares, les plus belles fleurs, et les mains des maris… Et elles s’adorent elles-mêmes, car elles restent étrangères à elles-mêmes… Voilà ce que je redoutais pour toi, cher époux, quand j’étais harcelée par tous ces présages ! Je craignais tous les noms de saisons, de fruits, de plaisirs prononcés par un accent nouveau, je craignais tous les actes de l’amour touchés d’un parfum ou d’une hardiesse inconnus : je craignais une étrangère !… Or c’est la guerre qui vient, presque une amie. Je lui dois de ne pas pleurer devant elle.

Amphitryon. — Ô Alcmène, femme chérie, sois satisfaite ! Lorsque je suis