Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/74

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côtoyons, au faîte des palmiers, les feuilles piquées parcimonieusement comme les plumes sur les autruches, je vois l’ombre évidée des cyprès, comme un parasol après la promenade, un dimanche, comble de violettes jusqu’à la poignée ; je vois le mouchoir de madame de Sainle-Sombre, avec ses initiales, comme l’épave d’un navire d’où le nom est déjà presque effacé ; je vois miss Spottiswood, dont j’ignore le prénom, comme une grande corbeille de fleurs dont je ne peux saisir les anses.

La lune va se lever. Miss Spottiswood marche silencieusement au côté du soir. C’est la traduction au côté de son texte. Si j’embrassais ce poignet divin, je comprendrais le chant des oiseaux. Si je touchais du doigt ces yeux, toutes les couleurs, dans le monde, s’isoleraient.

La lune va se lever. Les oiseaux disent :

— Vers tout ce qui ressemble à ton désir, Jacquot le Grand, précipite-toi, sans fermer les yeux.