Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/33

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ruine. Il répondait à chaque lettre avant d’avoir ouvert la suivante, en malade qui va mourir. Il passa à la vieille amie le secret de vingt ans d’études financières ; il pensa à Lazare se relevant du tombeau pour donner des tuyaux de bourse à une vieille dame. Le marchand de vins, — ah ! il faut vraiment croire à l’éternité pour être marchand de vins, — lui conseillait un Médoc excellent dans dix années, et, — comme s’il se doutait du danger — un vin de Sainte-Foy-la-Grande excellent dès l’an prochain. Cela ne suffisait plus pour retenir Bardini, et il prit la dernière lettre. L’adresse était écrite par une femme, le papier était un parchemin, la femme le connaissait mal, il y avait un t à Bardini. Il la palpa, essaya en vain de la déchirer sans la lire, respira son parfum, vanillé. Il se méfiait de ce message que la fortune hypocritement et faussement habillait de