Page:Giraudoux - La guerre de Troie n’aura pas lieu.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pourquoi ne m’as-tu pas dit franchement : Hélène, je veux vous embrasser !… Je ne vois aucun mal à ce que tu m’embrasses… Embrasse-moi.

Troïlus.

Jamais.

Hélène.

À la fin du jour, quand je m’assieds aux créneaux pour voir le couchant sur les îles, tu serais arrivé doucement, tu aurais tourné ma tête vers toi doucement avec tes mains, — de dorée, elle serait devenue sombre, tu l’aurais moins bien vue évidemment, — et tu m’aurais embrassée, j’aurais été très contente… Tiens, me serais-je dit, le petit Troïlus m’embrasse !… Embrasse-moi.

Troïlus.

Jamais.

Hélène.

Je vois. Tu me haïrais si tu m’avais embrassée ?

Troïlus.

Ah ! Les hommes ont bien de la chance d’arriver à dire ce qu’ils veulent bien dire !

Hélène.

Toi tu le dis assez bien.