Page:Giraudoux - La guerre de Troie n’aura pas lieu.djvu/186

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tous les chênes phrygiens feuillus et trapus, épars sur nos collines avec nos bœufs frisés.

Ulysse.

Je pèse l’olivier.

Hector.

Je pèse le faucon, je regarde le soleil en face.

Ulysse.

Je pèse la chouette.

Hector.

Je pèse tout un peuple de paysans débonnaires, d’artisans laborieux, de milliers de charrues, de métiers à tisser, de forges et d’enclumes… Oh ! pourquoi, devant vous, tous ces poids me paraissent-ils tout à coup si légers !

Ulysse.

Je pèse ce que pèse cet air incorruptible et impitoyable sur la côte et sur l’archipel.

Hector.

Pourquoi continuer ? la balance s’incline.

Ulysse.

De mon côté ?… Oui, je le crois.