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II


J’eus une rechute, dont Urbaine seule sut encore expliquer les causes. On eût dit que tout l’automne se rassemblait autour de moi, comme une vapeur mauvaise, et m’étouffait… Mes draps m’usaient peu à peu, et ma peau repoussait plus pâle. On m’avait tiré de mon petit lit, et étendu dans un lit plus large, comme ces petits oiseaux malades qu’on croit guérir, en les sortant de leur cage, et en les lâchant dans des volières. Je délirai. Il me sembla un soir que le père Voie me surprenait, sur le bord d’une mare ; il m’y entraînait lentement, le visage toujours inondé de soleil, et je le suivais de moi-même, et je voyais, du fond, mes parents s’agiter sur le bord de mon lit, ridicules comme des gens qui ne savent pas nager. Ils s’empressaient, mais on ne sauve pas les noyés avec des bruits de petite cuiller et des tisanes.

Je ne sais quel soleil, un beau matin, tarit la