Page:Giraudoux - Siegfried et le Limousin.djvu/125

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en grandeur. Le père Strossmeyer renonça le premier, en homme qu’il était… Puis les femmes partirent… Je les reconduisis jusqu’à la porte… Fatiguées, elles laissaient une trace dans la neige, la trace à peu près d’une femme qui porte un fils.

*


Quand je quittai mon ami, ni Siegfried ni Kleist n’étaient encore revenus. Leurs ombres libérées avaient quitté jusqu’à la salle, jusqu’à la maison ; elles devaient se plonger avec délices, ombres septentrionales, dans l’échafaudage encore mouvant de la nuit tombante, s’éloignant à jouer avec les ombres des fusains, seules encore intactes, ou les ombres d’enfants, et le prince Heinrich, n’osant même plus prononcer leur nom, essayait d’appeler Forestier d’un mot neutre qui se trouvait être le mot : Mon enfant… Ma décision était prise ; le lendemain soir, à la leçon, je révélerais le secret…

Mais sous ma porte, je trouvai la lettre suivante, écrite à l’encre rouge et en français :

— Devons vous prévenir que vos relations avec S. V. K. hautement suspectes nous sont. De votre départ immédiat le désir exprimons hautement. En tout état de cause avertissons hautement que, si troublez S. V. K. dans état calme péniblement obtenu et interrompez d’un jour son travail, il court risque de mort, ainsi que vous, dont sommes hautement serviteur. Signé : Consul.